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 Jean-Guy Talamoni : « Nous voulons faire, du corse, une langue de la citoyenneté »
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Jean-Guy Talamoni : « Nous voulons faire, du corse, une langue de la citoyenneté »


Calvi

Par

Le 27 Juillet 2018


Voici son discours :

« Je voudrais tout d’abord saluer le retour dans l’hémicycle du Conseiller exécutif et de l’ami. François, tu as retrouvé ta place ici, avec tes fonctions et tant de dossiers sur ton bureau que tu n’as jamais abandonné. Je pense que ta force et ton courage peuvent nous guider dans le projet que nous portons tous ici pour la Corse.

Il y a deux ans, lorsque le taux de chômage en Corse était au plus haut, j’ai initié un travail avec des entreprises, instituts de formation, institutions et syndicats en faveur de l’emploi local dans le droit fil de la charte signée sur l’île de la Réunion par le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls. L’idée était de renforcer le lien entre les besoins du territoire et ceux des acteurs économiques et de la formation. Après une année d’échanges, nous avons abouti à la présentation d’une charte pour l’emploi local et à sa signature par les chambres consulaires et les syndicats notamment.

Dans une réponse à la question orale du député Paul-André Colombani en octobre dernier, le gouvernement a précisé sa position sur la question de la langue corse comme compétence professionnelle. Permettez-moi de rappeler que notre Assemblée a décidé, depuis 2005, de porter un projet sociétal en faveur du corse, faisant de la langue une compétence professionnelle normale. Elle l’a répété en 2007 avec le plan stratégique d’organisation et de développement linguistique. Elle l’a répété à nouveau en 2013 avec le vote sur le projet de Co officialité et en 2015 avec la délibération sur le Plan “Lingua 2020”.

La réponse du gouvernement à la question de Paul-André Colombani présente une vision très étroite de l’article 1 de la Constitution et de la loi Toubon, faisant du monolinguisme français une valeur absolue face aux droits linguistiques. Le monolinguisme va également à l’encontre de la défense de notre patrimoine culturel et de sa valorisation dans une démarche de développement économique. Pourtant le gouvernement dit : « L'utilisation de la langue corse comme critère de valorisation, à compétences suffisantes pour l'accès à l'emploi local constitue une discrimination à l'embauche contraire à la Constitution » ; « Cette prescription impérative du droit du travail français s'applique de la même manière à toutes les autres langues et cultures non françaises ».

Je vois en l’absence de reconnaissance d’une compétence professionnelle, justement parce que cela ne correspond pas à l’idéal de l’individu monolingue français, une discrimination réelle, du mépris mais aussi une folie à l’heure de la mondialisation des échanges culturels et commerciaux, d’autant plus lorsque que l’on connaît les bénéfices d’une seconde langue sur l’intercompréhension d’autres langues et sur d’autres compétences linguistiques.
J’en veux pour preuve le dernier conseil corso-sarde durant lequel le corse est devenu naturellement la langue de travail, de communication pour une rencontre internationale. Les élus de l’opposition qui y ont participé peuvent en témoigner.

Alors que nous voulons faire du corse, pas seulement la langue de l’île, mais une langue reconnue dans l’île, une langue offerte à tous, une langue de la citoyenneté, le gouvernement insiste sur sa situation de domination, de minoration, de fermeture de ses espaces d’expression : « L’application de tout critère d'embauche au plan local fondé sur la maitrise de la langue corse, fût-ce un critère facultatif, ne peut pas être envisagée ».

Donc, en France, malgré l’article 75-1 de la Constitution qui reconnaît les langues comme patrimoine, malgré la loi NOTRe qui oblige l’Etat à respecter les droits culturels énoncés dans la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles du 20 octobre 2005, le corse est placé à parité avec les autres langues du monde, en dehors du français qui fait figure d’exception. Cette gestion de notre patrimoine linguistique, mais aussi de ce que nous sommes, cette volonté de défendre une identité française exclusive de toutes les autres identités, cette volonté de gommer notre réalité culturelle va à l’encontre de toutes les décisions politiques ou linguistiques du Conseil de l’Europe, de l’Union Européenne, de l’Unesco et de l’ONU.

J’en ai parlé au Président Macron lorsqu’il est venu nous rencontrer, avec le président du Conseil exécutif. Il s’était engagé ici, en salle 5, à reconnaître la langue corse comme compétence professionnelle. C’est ce qu’il a dit le lendemain à Bastia : « Le bilinguisme, c’est le contraire de ce qui exclut ou ce qui discrimine. C’est le fait de voyager entre plusieurs univers linguistiques. C’est un enrichissement, une ouverture. La défense légitime de la langue corse ne doit donc pas relever d’une logique de l’entre soi qui pourrait mener, par exemple, à la fermeture du marché du travail à qui n’est pas Corse ! Mais elle doit permettre de mieux s’enraciner à bon escient. Je suis donc tout à fait favorable – j’ai d’ailleurs vu que certains le faisaient déjà – à ce qu’on puisse faire figurer comme compétence – je sais que vous y êtes attachés, Messieurs les Présidents – le fait de parler la langue corse, parce que c’est un plus ! »

Le Président Macron s’était donc engagé publiquement à reconnaître le corse comme une compétence professionnelle et pas comme un signe d’origine ethnique, culturelle ou religieuse, comme l’avait fait l’ANPE en 2008. Si nous regardons les professions ouvertes à l’usage de la langue corse, comme l’animation à la télévision ou même l’enseignement, nous y trouvons des personnes d’origine étrangère, des athées, des chrétiens ou des musulmans enseignant dans les écoles bilingues.

Qui peut donc encore dire que le corse n’est pas une véritable compétence professionnelle comme les autres ?
Nos échanges dans cet hémicycle en témoignent. Il y a ici des fonctionnaires, des journalistes et tous les acteurs de la Corse. Comment pourraient-ils suivre nos discussions s’ils ne parlaient pas le corse et le français, le français et le corse, ensemble, cherchant à dépasser le conflit linguistique, la diglossie et le risque de substitution qui menace le corse.
Pour être tout à fait honnête, je citerai aussi une autre phrase : « Jamais je ne pourrai accepter qu’on réserve à celui qui parle la langue corse tel ou tel emploi ».
Que le Président Macron se rassure. La compétence langue corse ne sera jamais une compétence suffisante. Mais elle restera une compétence nécessaire aux échanges sociaux en Corse. Une réponse écrite du gouvernement ne pourra jamais changer cela. Elle ne changera pas non plus notre route pour le bilinguisme du peuple corse. Si l’idéologie de l’Etat nous est opposée à chaque pas que nous faisons pour la défense de la Corse, aucun gouvernement ne pourra jamais détourner notre route. Que les Corses aussi se rassurent. Je vous remercie ».



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