Archéologie : Une importante nécropole romaine et étrusque découverte à Aleria
Calvi
Par
Le 20 Février 2019
- Qu’avez-vous découvert sur ce site d’Aleria-Lamajone ?
- Nous avons découvert une nécropole romaine et étrusque et deux tronçons de voies de circulation. Pour l’instant, nous avons trouvé le couloir d’accès à la chambre funéraire qui sera fouillée prochainement. Cette tombe a été recouverte postérieurement par la nécropole de Casabianda, mais d’époque romaine, entre le 5ème siècle avant Jésus-Christ et le 3ème siècle après. Elle était, donc, masquée par toutes les autres tombes plus récentes. Elle s’inscrit dans une nécropole qui se développe le long d’une voie qui arrive jusqu’à la ville grecque et étrusque d’Aleria, située à 300 mètres.
- Peut-on dire que cette nécropole est une découverte exceptionnelle ?
- C’est une découverte importante. Exceptionnelle non, parce que Jean Jehasse avait déjà fouillé plus d’une centaine de tombes dans les années 60 à Casabianda. Mais, là ce qui est exceptionnel, c’est de les fouiller avec les techniques d’aujourd’hui. Les techniques de Jean Jehasse avaient beaucoup moins de moyens. Aujourd’hui, nous disposons d’un gros financement de l’Etat et de techniques de pointe qui allient beaucoup d’analyses à la fouille de terrain. Par exemple, nous prévoyons d’analyser le contenu des vases que nous trouverons dans cette sépulture. Nous allons étudier avec autant d’attention les ossements des défunts qui ont été mis dans ces tombes. Nous aurons, ainsi, toute une information sur les pratiques funéraires et les personnes ensevelies. C’est une tombe familiale, donc nous aurons peut-être deux, trois ou quatre sujets à étudier.
- Depuis les années 60, aucune nécropole n’a été découverte ?
- Non ! Cela fait plus de 40 ans qu’il n’y a pas eu de fouilles en Corse sur ce type de sépulture. Cette découverte est aussi une exception à l’échelle de la France parce que ce modèle de tombe à chambre avec un couloir n’existe qu’en Italie et en Corse.
- Pouvez-vous dater précisément cette tombe ?
- D’après le mobilier, cette tombe pourrait remonter à une époque entre le 5ème et le 4ème siècles avant Jésus-Christ, c’est-à-dire entre les années 400 et 300. C’est le moment où Aleria est sous le contrôle des Etrusques, mais va basculer en partie sous le contrôle des Grecs. Au 3ème siècle avant JC, les Romains prennent pied sur l’île et deviennent les maîtres politiques de la Corse.
- Vu l’ampleur du site, que pouvez-vous en déduire sur la qualité sociale des défunts ?
- Il est probable que la famille, qui a été enterrée là, avait une certaine importance sociale et probablement financière. C’est peut-être la famille d’un riche marchand ou d’une personne qui avait une surface sociale assez importante, pas forcément celle d’un prince étrusque, ni celle de l’élite de la cité ou de gens particulièrement remarquables. Mais, nous ne le saurons qu’après avoir fouillé la tombe. Aleria est le seul secteur où l’on retrouve des ossements, alors qu’en général, on ne les retrouve que dans un contexte calcaire, comme à Bonifacio. On sait en général beaucoup de choses sur le mobilier qui accompagne les morts, mais très peu de choses sur le mort lui-même. L’intérêt de cette fouille, y compris pour la phase Nécropole romaine, est d’obtenir des informations sur les sujets qui sont ensevelis et sur le mobilier qui les accompagnent. Ce qui est assez rare.
- C’est-à-dire ?
- Par exemple, certaines tombes, découvertes par Jean Jehasse, livrent des armes, des épées, des casques en bronze, des cnémides… sauf qu’on n’est pas capable de savoir quel est le sujet qui les portait. Les critères d’appréciation et les méthodes étaient différents de ceux d’aujourd’hui. L’analyse anthropologique, faite dans les années 70, montre que dans ces tombes contenaient une femme et un enfant. Ces objets ne sont pas très signifiants, ni du statut, ni du sexe. Seule l’analyse anthropologique, que fait ma collège Catherine Rigeade, permet d’assurer que c’est une femme qui possède ces bijoux féminins, que les épées sont liées à un individu masculin assez âgé… Si on trouve ces armes avec un enfant ou une femme, cela signifie que ces armes ont un autre statut ou que la personne elle-même a un autre statut. C’est très intéressant, mais on ne peut pas le savoir pour les nécropoles des fouilles de Jean Jehasse.
- Est-ce à dire que vous avez encore beaucoup à découvrir sur les gens de cette époque ?
- Oui. On n’a pratiquement aucune connaissance sur les personnes ! On connaît le mobilier archéologique, mais on ne connaît pas son usage. On ne connaît pas les pratiques culinaires et les pratiques funéraires. On ne connaît pratiquement rien sur l’habitat. On sait que les gens habitaient là et qu’ils avaient du mobilier, mais, en fait, on ne connaît quasiment rien, ni sur leur vie quotidienne, ni sur l’état de la société, ni sur leur fonctionnement.
- Ce site peut-il vous donner ces renseignements ?
- Il va nous donner un petit éclairage. Pour en savoir plus, il ne faudrait pas fouiller que des sépultures, mais aussi les habitats, les champs cultivés… cela demande plus de temps et de moyens. Le site d’Aleria est un site magnifique avec une occupation qui démarre probablement au 7ème siècle avant Jésus-Christ et se poursuit jusqu’à aujourd’hui au hameau du fort. Chaque occupation a des choses à révéler sur l’histoire des gens. Un projet collectif de recherche s’est mis en place sur le site. Il permettra d’apporter des connaissances, mais aussi de divulguer au public les phases inconnues des populations qui les ont précédés dans ce secteur.
- Combien de temps dureront encore ces fouilles ?
- Nous sommes là depuis le mois de juin. Nous allons encore fouiller pendant deux mois. Cela fera quasiment un an de fouilles sur 3000 m2. Le terrain sera, ensuite, remis en état et restitué à son propriétaire qui doit y construire une maison individuelle. Le budget des fouilles, qui est assez important - 1,4 million € - est entièrement pris en charge par un fonds national pour l’archéologie préventive.
Propos recueillis par Nicole MARI.
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