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Gilles Simeoni : « Le sens de notre combat n’est pas de gagner des élections, mais de construire un pays »
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Gilles Simeoni : « Le sens de notre combat n’est pas de gagner des élections, mais de construire un pays »


Calvi

Par

Le 16 Octobre 2017


- Quel est votre sentiment après la création officielle du parti Femu a Corsica ?
- Un sentiment d'émotion, de fierté et, de façon partagée, un sens aigu de nos responsabilités face aux enjeux qui nous attendent. Cette création est, à la fois, un point d’aboutissement et un point de départ. En 2008, nous avons initié la stratégie qui consistait à nous inscrire dans le fil historique du nationalisme corse, tout en nous ouvrant à toutes les forces vives de ce pays pour construire la nation corse. En 2010, cela s’est concrétisé par la naissance de Femu a Corsica, conçue comme une plateforme entre trois structures : Inseme per a Corsica, le PNC et À Chjama. Aujourd’hui, nous franchissons un seuil qualitatif très important avec le congrès fondateur de Femu a Corsica comme structure unique. Un parti, à la fois, de gouvernement et de militants pour tenir compte de l’évolution de la situation politique depuis notre accession aux responsabilités. Mais aussi pour conserver une logique de mouvement qui a fait notre dynamisme et une part de notre succès, et travailler en symbiose avec les forces vives politiques, associatives, culturelles, syndicales…

- Est-ce pertinent de s’occuper de la création d’un parti quand vos adversaires sont en campagne électorale ?
- Oui ! Il fallait déconnecter les enjeux électoraux de la réflexion politique de fond. C’est une preuve de la maturité politique de nos militants d’avoir su, ces derniers mois, consacrer une part importante de leur temps et de leur énergie au débat interne et au travail en commission pour préparer ce congrès. Ceci, sans rien abandonner des urgences du quotidien et de leurs engagements. Nous avons pu, ainsi, aujourd’hui, voter les statuts qui règlent le fonctionnement de Femu a Corsica avec une déclaration de principes qui est notre cadre idéologique et rappelle, à la fois, d’où nous venons, les valeurs fondamentales pour lesquelles nous nous battons, et notre conception de notre engagement pour ce pays. Consubstantiel au fil historique, ce sont : la démocratie comme méthode et comme objectif, et la volonté de nous ouvrir le plus largement possible à ceux qui, hier encore, ne partageaient pas forcément nos opinions politiques, mais qui, aujourd’hui, se reconnaissent dans notre démarche.

- Vous avez dit : « Pour l'instant, nous n'avons rien gagné sur l'essentiel ». Qu’entendez-vous par là ?
- Je l’ai dit sous une forme volontairement abrupte pour rappeler que le sens de notre combat n’est pas de gagner des élections, même si une élection est un moment démocratique essentiel et un moyen incontournable pour accéder aux responsabilités. Notre objectif de fond est de construire ce pays et de l’émanciper au plan politique, économique, social et culturel. Nous sommes au tout début du chemin. Pour l'instant, même si nous avons gagné des élections et une part de confiance, nous n'avons rien gagné par rapport à l'essentiel. Il faut impérativement projeter une vision stratégique. C’est ce que nous faisons à travers la création de Femu a Corsica et l’accord Pè a Corsica avec nos partenaires de Corsica Libera.
- Pourquoi affirmez-vous que la situation politique a changé. Est-ce pour cette raison que vous fustigez le front républicain ?
- Oui ! La situation a changé depuis quelques semaines sous l’effet de deux facteurs qui se combinent. D’une part, l’attitude de l’Etat ou d’une partie de l’appareil d’Etat qui est passé du silence depuis le début du mandat à une forme d’hostilité qui se décline, par exemple, à travers l’inertie totale sur la question des prisonniers politiques, les difficultés qu’on nous oppose sur le débat des ressources budgétaires de la future collectivité, les positions successives du préfet, représentant l’Etat en Corse, notamment sur l’affaire croquignolesque de l’Office HLM de Corse du Sud… ou encore la dernière perquisition effectuée à l’Office des transports avec un certain nombre de fuites tendancieuses et organisées par la police. D’autre part, la tentation d’un certain nombre de conservateurs à gauche et à droite de construire un front républicain qui n’est, en réalité, qu’une pure alliance de circonstance, non pas autour d’idées et de projets, mais simplement pour barrer la route à une reconduction des Nationalistes aux responsabilités.

- Vous n’avez guère apprécié les récentes perquisitions à l’Office des transports. Pourquoi n’avoir pas réagi avant ?
- Dans cette affaire, nous n’avons pas réagi avant parce que nous ne voulions pas donner du crédit à des manœuvres grossières. Nous sommes tout à fait sereins, honnêtes et clairs. Les perquisitions ne nous inquiètent pas ! Nous n’avons rien à nous reprocher ! Nous avons défendu l’intérêt général et l’intérêt de la Corse. Nous sommes fiers de notre bilan, notamment dans le domaine des transports maritimes où, pendant des décennies, les intérêts de la Corse ont été méprisés ! L’argent public a été gaspillé, voire détourné, sans que l’Etat n’y trouve rien à redire ! Il a même été complice par action ou par abstention, comme, par exemple, dans l’affaire Butler. Là comme ailleurs, l'argent public a été détourné, l'Etat n'a rien dit ! Que l'Etat le sache bien, nous sommes toujours aussi déterminés pour la lutte comme pour la paix, pour le combat comme pour le dialogue. Le choix n'est plus nôtre, c'est le sien !

- Accusez-vous l’Elysée de soutenir le front républicain ?
- Je dis seulement que nous pouvons comprendre la période de silence après les élections présidentielles dans la mesure où le nouveau pouvoir s’installait à Paris et qu’il devait faire face à des questions sensibles aussi bien sur le plan européen qu’international. On pouvait, dans ces conditions, admettre qu’aucun signe ne soit donné à la Corse. Mais cinq mois plus tard, il n’y a toujours pas le moindre signe d’une ouverture ou d’un dialogue ! Pas le moindre interlocuteur, ni le moindre cadre politique n’est envisagé par le président de la République ou par le gouvernement ! Depuis quelques semaines, nous notons des signes hostiles comme ceux dont je viens d’évoquer. Par ailleurs, Jean Zucarelli s’est prévalu de l’implication et de l’approbation actives de l’Elysée dans la stratégie visant à réunir la carpe et le lapin pour faire barrage aux Nationalistes. Je ne sais pas si c’est vrai, mais cela a été affirmé par les tenants du conservatisme et n’a pas été démenti par l’Elysée !
- Est-ce, pour vous, le retour du pire ?
- C’est, en tous cas, une régression et le retour à une logique qui a conduit la Corse à la ruine et dans une situation de conflictualités fortes et de blocages politiques. Nous refusons absolument cette logique ! Il est hors de question que nous tombions dans ce piège ! Notre vision des enjeux n’est pas de dresser les Corses les uns contre les autres, les Nationalistes contre ceux qui ne le sont pas. Nous avons uni notre majorité territoriale, nous voulons construire des passerelles fortes avec des Nationalistes, notamment le Rinnovu, qui ne se reconnaissent pas, pour l’instant, dans la majorité territoriale. Nous voulons, aussi, construire des passerelles et travailler en commun, chaque fois que l’intérêt général le commande, avec des forces non-nationalistes, comme nous l’avons déjà fait. Nous rejetons la logique de bloc contre bloc ! Nous travaillons, au contraire, à une cohésion toujours plus renforcée et affirmée, de la société corse.

- Craignez-vous, l’impact de ce front républicain sur l’électorat ?
- Non ! Nous sommes tout à fait sereins. Il est du droit le plus absolu des tenants du front républicain et de la stratégie du bloc contre bloc de la proposer, y compris au plan électoral. Je pense que les Corses ne valideront pas cette stratégie qui est aux antipodes des attentes, des enjeux et des besoins de la Corse.

- Etes-vous confiants ?
- Oui ! Le congrès a réuni plus de 1500 militants issus de toutes les régions de l’île, de toutes les générations et de tous les horizons. C’est un moment politique très important qui, forcément, nous donne confiance et nous ouvre des perspectives politiques. En tant que président du Conseil exécutif de Corse, je suis mieux placé que quiconque pour savoir l’ampleur de la tâche qui nous attend. Le plus difficile reste à faire ! Comme nous le disons dans le slogan de la campagne de Pè a Corsica : « Emu un paese da fà » ! Cela veut dire que le chantier est immense, mais j’ai confiance !

Propos recueillis par Nicole MARI.
 



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