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Port de Bastia : Entre le projet de la Carbonite et Portu Novu, le débat est relancé
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Port de Bastia : Entre le projet de la Carbonite et Portu Novu, le débat est relancé


Calvi

Par

Le 26 Juillet 2019


« Un port ou un aéroport n’est pas une fin en soi, mais une infrastructure qui s’inscrit dans une vision stratégique globale ». Dès son entrée en matière, le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, pose le véritable enjeu d’un débat si controversé et si rebattu qu’on ne voit pas très bien ce qu’il pourrait apporter de nouveau sur ce sujet du renouvellement des infrastructures portuaires de Bastia. Présenté comme le plus structurant pour le développement de l’île, le projet piétine depuis au moins une décennie dans diverses impasses. Et le débat n’a rien apporté de vraiment nouveau sur le fond, à part la proposition de calendrier et de méthode de l’Exécutif sur quinze mois et l’affirmation claire de sa volonté d’avancer vite et bien. « Certains acteurs pensent que nous n’avons pas la volonté d’avancer sur ce dossier. C’est faux ! Nous l’avons, nous avons travaillé, mais nous voulons choisir la meilleure solution possible qui soit en adéquation avec notre stratégie de développement, économique, environnementale et touristique » déclare fermement Gilles Simeoni. La question n’est toujours pas tranchée : le port de commerce de Bastia étant insécure et trop étroit, faut-il aller vers de nouvelles infrastructures ou remanier celle existante ?
 
Trois options, une préférence
Le président de l’Exécutif propose d’examiner trois options : l’option A maintient l’activité portuaire sur le site actuel. L’option B reprend le fameux projet d’un nouveau port à la Carbonite. L’option C innove avec le projet alternatif d’écoport, Portu Novu, au Sud de la Citadelle. « L’option A propose de réfléchir à l’agrandissement du bassin actuel en déplaçant la digue vers le large et, optionnellement, en l’allongeant. L’option B est la plus achevée au plan technique, mais elle pose un certain nombre de questions : comment préserver la plage de l’Arinella, quel sera son impact sur la ville... L’option C au Sud de la Citadelle impactera moins la plage de l’Arinella, le projet est reconfiguré aux besoins actuels et bénéficie d’une sécurité plus grande avec les cercles d’évitement et des techniques préservant mieux l’environnement… ». Même s’il affirme l’absolue nécessité d’un grand débat public sur la question, Gilles Simeoni lève le voile sur ses préférences : « Je pense que le port de la Carbonite n’est pas adapté à ce dont nous avons besoin, il est surdimensionné ». Il avance aussi des doutes sur la possibilité de remise aux normes du port actuel qui ne continue de fonctionner qu’à coup de dérogations. Un état des lieux est en cours de réalisation. Ne reste que Portu Novu. Un débat public
Quoiqu’il en soit, toutes les options seront mises au débat public. « Le 10 juillet 2015, cinq mois avant que nous n’arrivions aux responsabilités, le délai pour organiser le débat public était caduc. On ne peut pas aujourd’hui dire que nous sommes responsables du retard ! Sur ce projet qui engage les décennies à-venir, le débat public est indispensable, mais il ne faut pas que cette exigence conduise à reporter ou à allonger la décision. Je souhaite que tout se fasse le plus vite possible ». Déminant par avance les critiques connues et récurrentes, il retrace la chronologie depuis 2002, date où surgit l’idée d’un nouveau port avec une réflexion concentrée sur le projet de la Carbonite jusqu’à l’arrivée au pouvoir des Nationalistes. « On dit que le dossier de la Carbonite était prêt. C’est faux ! Des études importantes d’impact, que nous avions demandées, n’ont pas été réaliséesUn certain nombre d’autorisations relevant du code de l’environnement n’ont toujours pas été obtenues ». Il démontre que les prospectives d’évolution des trafics passagers et fret, sur lesquelles se basent ledit projet, sont obsolètes et que le contexte a profondément changé en 10 ans. Il tacle également l’estimation réelle du coût : « On est passé de 250 millions à 550 millions €. Comment le financer ? On comptait sur les recettes et le fonds de roulement des Chambres de commerces (CCI) qui sont aujourd’hui asséchées par l’Etat ». Sur les deux études lancées depuis 2016, la première révèle que l’impact environnemental serait négligeable sur le littoral, la seconde très importante sur la nature des sols est en suspend. 
 
Une vision politique
Sur ce dossier où s’affrontent des enjeux et des visions politiques différentes, l’Exécutif annonce que le choix, qui sera fait, devra être le plus adapté à sa propre stratégie en matière de développement économique durable et d’économie bleue, de transports et d’enjeux technologiques. Avec un maître-mot : la maîtrise des infrastructures. Un souci véritable quand certains pays, comme la Grèce, ne sont plus propriétaires de leurs ports. « Le port de Bastia est un enjeu majeur pour Bastia, mais aussi pour toute la Corse. On ne peut pas penser son évolution, sans penser aux autres ports de l’île, ni à son impact sur la construction urbaine, paysagère, architecturale de la ville. On ne peut pas imaginer une grande ville méditerranéenne sans dimension touristique, ni tourisme sans plage ». Et de conclure : « Je vous propose de mettre en place deux comités de suivi, un opérationnel et l’autre environnemental. Le port, que nous devons développer, doit être un écoport. On ne peut pas réfléchir à la dimension des pollutions marines et aériennes, et ne pas intégrer la dimension du développement durable. Nous devons faire un choix qui sera légitime au plan économique, technique et démocratique ». Le choix de l’opposition
Le choix, l’opposition, dans son ensemble, l’a déjà fait depuis longtemps : c’est le projet de la Carbonite. « Chacun de nous a déjà son idée sur le choix des options. Pour nous, il faut un port international, donc il faut décroiser Bastia et le port. Donc, les options A et C sont à éviter. Pourquoi rejeter le projet de la Carbonite alors qu’il n’y a pas d’impact environnemental ? Il n’y a jamais été question de toucher la plage de l’Arinella. Pourquoi asphyxier encore plus Bastia qui a déjà 500 camions par jour ? Je n’ai pas très bien compris l’option C ! », débute Stéphanie Grimaldi, élue du groupe La Corse dans la République. « Votre présentation du projet de la Carbonite sonne comme une pré-condamnation. Portu Novu n’est ni plus, ni moins que le déplacement d’une dizaine de mètres du port de la Carbonite. L’option d’agrandir le port actuel est non seulement dépassé, mais inenvisageable. On veut décongestionner le centre-ville, je ne vois pas comment atteindre cet objectif dans ces conditions. Consacrer des financements à des études pour une chose mort-né est une perte de temps et d’argent ! », commente François Orlandi, élu du groupe Andà per Dumane. Il insiste sur l’urgence d’agir : « Je ne voudrais pas que la démarche actuelle soit un moyen de gagner du temps et de dépasser des querelles électorales. Cela ne peut pas être le projet d’une majorité, mais le projet de l’île qui doit être partagé par le plus grand nombre. J’en appelle à la nécessité d’agir avec rapidité. Il y a urgence ! ». Le coût d’un débat
Une position partagée par le groupe Per l’Avvene : « En fonction de toutes les études et concertations engagées jusqu’à ce jour pour un montant de plus de 5 millions € dont 1 million € pour le débat public, il ne reste plus que l’option de réalisation d’un port au Sud de la Citadelle de Bastia qui prédomine. En fonction de certains paramètres qui ont évolué depuis 2007, comme le tassement de la courbe du trafic des passagers ou les techniques de construction portuaire, il sera nécessaire d’actualiser certaines études pour la réalisation d’un nouveau plan de masse qui pourrait éventuellement être l’esquisse de Portu Novu qui est vraiment très proche du plan de masse du projet Carbonite, si ce n’est l’enracinement de la digue du large qui ripe vers le nord sur 250 mètres environ », précise Jean-Louis Delpoux. Le groupe de droite présente deux amendements : l’un pour écarter l’option A, l’autre pour vérifier si, réglementairement, l’organisation d’un nouveau débat public s’impose. « Je rappelle que l’organisation d’un tel débat nécessiterait une durée d’un an et demi pour un coût qui avoisine le million d’euros ». Le président du groupe, Jean-Martin Mondoloni, enfonce le clou : « On se demande quand viendra l’heure des choix. Il y aura toujours des évolutions de toute nature et dans 15 ans, on pourra toujours justifier de nouvelles études pour de nouveau choisir. Faut-il encore relancer des études, retardant la décision ? Je ne vois pas ce qui pourrait empêcher le port de la Carbonite de voir le jour du moment que toutes les études ont été prises en compte pour que ce port impacte le moins possible la ville. Nous souhaitons qu’on ne rentre pas dans un débat stérile qui ne ferait que retarder l’échéance ». Le premier amendement sera rejeté et le second adopté. Un enterrement de 1ère classe
Côté majorité, les positions aussi ne changent guère. Corsica Libera redit son opposition à toute construction nouvelle et sa préférence à une variante de l’option A. « Nous sommes attentifs aux questions de santé publique qui touchent les habitants de Toga et du centre-ville, nous le sommes tout autant si ces questions touchent demain les habitants de Montesoru et de Lupinu », ironise le président du groupe, Petr’Anto Tomasi. « Lors du débat 2007, nous défendions le projet, qui est aussi celui des pêcheurs, d’agrandir le port actuel. Nous continuons de le porter, il a gagné en pertinence et en cohérence. Nous demandons que notre proposition soit versée à l’examen et bénéficie des mêmes moyens d’expertise ». Et de répliquer à l’opposition : « Les projets morts nés, dépassés et archaïques sont plutôt les projets surdimensionnés comme celui du port de la Carbonite. Ailleurs, des grands projets ont été mis à mal, il faut aussi prendre en compte cette donnée ». Le groupe dépose une série d’amendements qui seront adoptés. « Ce projet, que nous portons depuis 2007, ne relève pas d’une attitude dogmatique. Nous considérons qu’il faut, d’abord, construire une politique de transport et se demander, ensuite, de quelles infrastructures on a besoin. Précédemment, on a assisté à un débat qui privilégiait l’option Carbonite et enterrait - un enterrement de première classe - tout ce qui ne l’était pas », ajoute Rosa Prosperi.
 
Une légitimité incontestée
Le président de l’Exécutif répond longuement aux critiques sans dévier d’un pouce : « On me reproche de ne pas prendre de décisions rapides, mais si, par le passé, certains avaient mis plus de temps pour prendre des décisions, cela aurait évité des catastrophes. Un seul exemple : le port de Toga qui est le seul port au monde où l’on ne voit pas la mer à cause d’une digue de 4 mètres de haut ! Il n’est pas possible de prendre une telle décision sur un enjeu aussi majeur sans avoir pris toutes les précautions. Si on regarde ce que la région a fait entre 2002 et 2015 et ensuite, nous n’avons pas à rougir de la comparaison, nous sommes allés beaucoup plus vite et plus loin ». Face à une équation qu’il qualifie de « très difficile », il estime que sa méthode est la bonne : « J’aimerai construire une méthode avec des arguments rationnels, ce qui n’est pas cher et est rapide. Le seul moyen pour qu’une solution soit acceptée est qu’elle ait été débattue dans des conditions qui lui donnent une légitimité incontestable. Si on veut que ce projet soit réussi et générateur d’emploi, il faut innover sur la grande plaisance et penser le port non seulement en termes d’importation, mais aussi d’exportation, comme une plateforme méditerranéenne ».
Le rapport a été adopté avec les voix de la majorité, plus celle de Pierre Ghionga, les deux groupes de droite n’ont pas participé au vote, Anda per Dumane s’est abstenu. Explication de son président Jean-Charles Orsucci : « Si le président de l’Exécutif avait été au bout de ses idées, en écartant l’option A et B et en disant clairement qu’il était en faveur du Portu Novu, on aurait voté, mais, là, on s’abstient ». L’Exécutif annonce que le choix sera fait avant la fin de cette mandature.



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