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Economie : La Corse veut rayonner à l’international et développer une diplomatie économique
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Economie : La Corse veut rayonner à l’international et développer une diplomatie économique


Calvi

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Le 13 Juin 2018


- On a souvent accusé les Nationalistes de surprotéger l’économie corse. Vouloir l’internationaliser, n’est-ce pas une rupture avec votre idéologie ?
- Jean-Christophe Angelini : Non ! Historiquement, on a tendance à reprocher aux Nationalistes une conception politique, voire économique, fondée sur le repli et la volonté de protéger sans nécessairement réfléchir à l’ouverture et à l’attractivité du territoire. C’est naturellement un cliché, une conception éculée, fausse pour l’essentiel ! J’ai voulu, à travers ce rapport y mettre un terme définitif, pas sur le plan des principes en prétendant le contraire, mais sur le plan de l’action en proposant une stratégie.
- Lesia Sargentini : Jusqu’ici, le thème de l’internationalisation n’était pas toujours abordé, ou alors sous l’angle de la Direction des affaires européennes qui ne concerne pas spécifiquement le domaine économique. Il découle, aujourd’hui, de la mise en œuvre du SRDE2I qui prévoit des orientations générales. L’ADEC devait, donc, se doter d’une véritable stratégie, désigner les acteurs compétents, mettre en œuvre toute une série de moyens et d’outils spécifiques et définir des objectifs concrets à réaliser à horizon assez rapproché.

- L’exportation corse n’est-elle pas quasi-anecdotique ?
- Jean-Christophe Angelini : Structurellement et historiquement, notre balance commerciale est déficitaire. Chacun sait que ce pays produit trop peu et importe massivement. Les indicateurs sont, depuis longtemps, très inquiétants. Cependant, la tendance en 2017 est beaucoup plus favorable que par le passé. Incontestablement, la dynamique, que nous avons impulsée, est à l’œuvre, nous voulons, maintenant, développer une approche globale. On ne peut pas déconnecter l’export de l’attractivité du territoire et des entreprises. On ne peut pas distinguer la dynamique à l’œuvre dans l’île de celle de nos entreprises sur la scène économique européenne ou mondiale. Tout est lié ! Il était, donc, temps, pas simplement de proposer une stratégie, mais aussi des outils qui permettent de réaliser et de cristalliser cette ambition. C’est désormais chose faite !
- Lesia Sargentini : La hausse de l’export en 2017 est assez conséquente : + 118%. 135 millions € de marchandises sont comptabilisées comme sortantes contre 61 millions € en 2016. 404 millions € de marchandises sont entrantes. C’est aussi un record ! Le déficit de la balance commerciale n’est pas propre à la Corse, il s’inscrit dans une tendance hexagonale qui existe depuis plus d’une dizaine d’années. En Corse, ce sont les produits agro-alimentaires qui ont bénéficié d’un contexte favorable et d’une hausse importante.

- Quels nouveaux outils mettez-vous en place ?
- Jean-Christophe Angelini : Nous avions jusqu’ici un CODEX (Conseil pour le développement des exportations corses) qui était une instance consultative, qui n’associait pas les filières et ne se réunissait qu’une fois par an. Nous avons désormais un CODITE (Conseil pour le développement de l’internationalisation du territoire dans le domaine économique) qui est un Comité stratégique. Il se réunira très régulièrement avec les acteurs et englobera le sujet de l’export dans une problématique plus vaste pour élaborer un plan d’attractivité du territoire. L’approche sera, donc, à la fois, dynamique et intégrée. C’est un fait nouveau ! Au niveau des moyens : mission de diplomatie économique, volontariat d’un certain nombre d’étudiants, réseaux des ambassadeurs économiques de l’île… Ces moyens constituent une petite révolution !
- Lesia Sargentini : L’idée est de véritablement redynamiser l’export et d’élargir le champ d’activité du régime d’aides qui existe déjà. Dans les années 2000, la Collectivité a créé une mission Corsexport pour soutenir les entreprises qui souhaitaient se positionner sur les marchés internationaux. Ce dispositif d’aides dédiées permet de mobiliser des aides individuelles ou collectives. Individuelles pour une entreprise qui a besoin d’un diagnostic privilégié pour démarcher un marché spécifique. L’ADEC peut intervenir sous le régime De Minimis, donc sous le plafond des 200 000 €, et activer un panel de services. Des aides collectives donnent, également, la possibilité aux entreprises de se regrouper pour participer ensemble à des opérations, par exemple des rencontres acheteurs ou des rencontres sur salons. La nouveauté est que, désormais, ce dispositif ne sera plus seulement réservé aux exportations.

- C’est-à-dire ?
- Lesia Sargentini : En l’état actuel, nous aidons les entreprises, qui ont quelque chose à vendre, à prospecter de nouveaux marchés. Or, de nombreuses filières ont besoin de nouer des relations internationales pour activer des partenariats technologiques ou industriels avec des entreprises qui ne sont pas présentes sur le territoire. Nous avons, donc, remplacé Corsexport par un nouveau régime d’aides Pattu Impresa Mondu, qui permettra aux entreprises de bénéficier d’aides individuelles ou collectives pour prospecter des partenaires industriels ou technologiques. Un exemple : Si, pour se développer, une entreprise du numérique a besoin d’un savoir-faire qui n’est pas disponible sur le territoire, elle peut, grâce à ce dispositif, participer à des actions individuelles ou collectives pour aller chercher, ailleurs, de la technologie et du savoir-faire. Cela nous semble essentiel ! C’est, d’ailleurs, un besoin qui a été exprimé par les entreprises.
Economie : La Corse veut rayonner à l’international et développer une diplomatie économique
- Qu’entendez-vous par : « ambassadeurs économiques » ?
- Jean-Christophe Angelini : Nous partons du principe que la diaspora corse est, pour des raisons curieuses, une des seules diasporas au monde à ne pas être structurée au plan économique ! Tous les pays, toutes les îles, qui ont des diasporas aussi riches que la nôtre, - pas en termes quantitatif, mais en termes qualitatif et de réseau – se sont donnés les moyens d’accompagner le développement économique. Dans le monde entier, des clubs d’entrepreneurs, des cartels d’entreprises, des réseaux d’acteurs économiques… se fédèrent en fonction d’un sentiment d’appartenance. Ce n’est pas un sentiment d’exclusion, mais un sentiment de valeurs et d’identité partagées. C’est le cas des Bretons, des Auvergnats, des Alsaciens, des Marseillais, mais également de la diaspora italienne, arménienne ou juive qui font école en matière de structuration dans le monde entier. Considérant l’état de la diaspora corse, nous avons décidé qu’il était temps de mettre un terme à cette lacune.

- Que peut apporter la diaspora corse ?
- Jean-Christophe Angelini : Elle représente près d’un million d’âmes sur plusieurs générations et se caractérise par la grande proximité d’une partie d’entre elles - 300 000 à 500 000 en PACA et sur Marseille -, et par la qualité de milliers d’acteurs qui occupent des places stratégiques en Europe et dans le monde. Nous avons, par exemple, identifié trois acteurs économiques corses sur la scène parisienne qui, à la tête d’entreprises privées, réalisent, à eux trois en cumulé, 1 milliard € de chiffre d’affaires. Plutôt que d’engager systématiquement de l’argent public, pourquoi ne pas faire appel à ces compétences, dès lors qu’il s’agit de favoriser la mobilité de nos étudiants, l’alternance, l’apprentissage, le transfert de technologies, la création d’antennes ou de bureaux secondaires, la mobilisation de l’épargne, voire même des investissements dans l’île ? Ce sont là des opportunités majeures qu’historiquement, nous n’avons jamais voulu saisir. Aujourd’hui, nous les saisissons !

- Comment la diaspora réagit-elle à vos demandes ?
- Jean-Christophe Angelini : Elle réagit de façon très enthousiaste sur le thème : « Il était temps ! ». En plus, ce que nous proposons n’est pas une incantation permanente, mais une stratégie concrète que désormais nous avons. En Corse, on a longtemps vécu, y compris ma famille politique à travers l’agence du retour…, dans l’idée que notre diaspora reviendrait massivement dans l’île pour y travailler et évoluer économiquement. Le monde d’aujourd’hui ne permet plus de tenir cette analyse comme définitive et générale. A l’heure des nouvelles technologies, de la mondialisation, des échanges permanents, d’une desserte maritime et aérienne de la Corse optimisée, la mobilité est la règle. On n’est pas obligé de rentrer définitivement au pays pour contribuer à son développement. On peut, depuis Londres, New-York ou Singapour, y contribuer de façon très opérationnelle.

- Avez-vous ciblé des secteurs particuliers ?
- Jean-Christophe Angelini : La question de l’exportation et de l’attractivité du territoire recoupe des secteurs aussi divers que l’aéronautique, l’agroalimentaire, l’épargne, la cosmétologie, l’aquaculture ou la pisciculture avec Gloria Maris, leader européen dans ce domaine. Nous ne voulons pas limiter le prisme, mais aider toutes les TPE et PME qui veulent exporter ou bénéficier du concours d’acteurs économiques extérieurs à l’île. C’est la raison pour laquelle nous avons réfléchi, notamment avec la CADEC (Caisse de développement de la Corse), à des outils très concrets pour mobiliser l’épargne corse. Nous avons engagé des actions stratégiques pour la création d’un fonds transfrontalier qui permettrait de financer des actions économiques sur des îles en Méditerranée. En plus des ambassadeurs, nous avons proposé des missions de diplomatie économique et des VIE (Volontariat à l’initiative économique). Nous avons créé un guichet unique d’aide à l’internationalisation qui absorbera toutes les demandes et les traitera de façon fluide, rapide et unifiée.

- Quels sont les atouts de la Corse ?
- Lesia Sargentini : On sait que notre situation d’isolement n’est pas particulièrement favorable pour positionner un territoire en Europe, en Méditerranée et dans le monde en général. Cependant, nous avons des atouts : notre situation géographique en est un. La Corse est insérée dans un bassin naturel d’échanges, nous devons nous saisir du potentiel d’opportunités que cela représente. Depuis quelques années, des entreprises et des start-up naissent déjà internationales, elles sont, de fait, positionnées sur le territoire corse, mais sont naturellement ouvertes sur l’extérieur. Il y a de très belles réussites avec des filières qui se structurent et des entreprises qui sont même en capacité d’accueillir des talents. A Ajaccio, des entreprises du numérique attirent des jeunes venus de l’étranger : c’est quelque chose qui n’existait pas auparavant. On peut démontrer à un jeune développeur italien que s’il vient travailler en Corse, il aura un cadre de vie privilégié tout en voyageant autant que s’il vivait à Milan ou Rome, grâce à des transports qui, nous l’espérons, tendent à s’améliorer et à s’ouvrir vers des capitales européennes.

- Le transport ne reste-t-il pas le point noir de votre démarche ?
- Lesia Sargentini : Oui ! C’est pour cela que notre démarche d’attractivité pour définir les atouts se veut concertée. A partir du moment où on décline un panel d’arguments, il faut que les actions suivent. Jusqu’à présent l’Assemblée de Corse s’était surtout intéressée à l’attractivité dans le secteur touristique, pas dans le secteur économique. On n’est jamais allé chercher des investisseurs pour les inciter à venir créer des emplois sur le territoire. Le schéma d’attractivité ne servira pas seulement à l’accueil d’investissements, mais à une vraie réflexion sur les politiques prioritaires à mettre en œuvre pour décliner une offre cohérente avec ce positionnement international que nous recherchons. Nous avons la volonté de mettre en synergie toute une série de dispositifs qui existent déjà, mais qui ne sont pas reliés les uns aux autres, et de travailler en transversalité pour établir un cadre d’actions assez complet. Nous nous donnons six mois pour réunir autour de la table l’ensemble des acteurs compétents sur le sujet, notamment l’Office des transports, la Direction des affaires européennes… mais aussi les intercommunalités qui ont une compétence économique. Promouvoir la Corse à l’international, c’est promouvoir aussi ses différents territoires et leurs spécificités.

- Dans quel délai, ces actions débuteront-elles ?
- Jean-Christophe Angelini : Tout sera engagé formellement et fortement dès cette année. Concernant le réseau des ambassadeurs économiques, deux évènements auront lieu à Marseille et à Paris. Des actions sont prévues en Europe et une mission de diplomatie économique se rendra entre septembre et octobre au Québec sur le thème de l’économie maritime. La mission 2019 aura probablement lieu en Israël qui est un modèle en matière de start-up. A cela s’ajoute la mission d’au moins 6 VIE sur la scène méditerranéenne et européenne. L’appel à projets Impresa Mondu sera lancé pour favoriser l’attractivité de nos entreprises et des débouchés à l’extérieur. Nous sommes, à la fois, au début et à la fin d’un cycle. La fin parce nous donnons une globalité à des tendances que nous avions détectées à l’ADEC. Le début parce que nous changeons de modèle et de paradigme en matière d’action économique. Des Nationalistes proposent que la Corse, sans frilosité et sans complexe, s’ouvre sur la scène économique mondiale et accueille des investisseurs et des acteurs en même temps qu’elle permet à ses investisseurs et ses acteurs propres de mieux s’exporter.

Propos recueillis par Nicole MARI.
 



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