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Front anti-PADDUC : Le cri d’alarme et d'inquiétude des associations de défense de l’environnement
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Front anti-PADDUC : Le cri d’alarme et d'inquiétude des associations de défense de l’environnement


Calvi

Par

Le 28 Novembre 2017


- Pourquoi montez-vous au créneau en pleine campagne électorale ?
- Nous sommes très inquiets ! Nous avons entendu certains candidats afficher comme priorité de réviser le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse). Détricoter la loi Littoral et le PADDUC, c’est exactement l’inverse de ce qu’il faut faire pour la Corse ! C’est un retour en arrière considérable ! C’est vraiment la porte ouverte à la spéculation immobilière ! Il est de notre devoir, à nous associations de défense de l’environnement, de tirer la sonnette d’alarme en mettant en exergue une situation devenue critique.

- Le front anti-PADDUC est renforcé par la volonté du président Macron d’assouplir les lois Littoral et Alur. Deux fronts, est-ce une double inquiétude ?
- Oui ! C’est très inquiétant d’entendre le président de la République dire qu’il va modifier les lois et les alléger. Surtout quand on voit l’amendement (dit Macron) qu’il a fait voter à l’urbanisme. Depuis, on ne peut plus démolir les constructions illégales, sauf dans des espaces très protégés. C’est vraiment la porte ouverte à une urbanisation débridée ! C’est un système très permissif. Les gens construiront où ils veulent, n’importe où, feront n’importe quoi, ils ne reculeront pas devant le simple risque de payer 3000 € d’amende pour une maison qui en vaut au moins 200 000 €… tout cela pour faire de la location ! N’oublions pas qu’un très grand nombre de constructions en Corse le sont à but spéculatif. Cela ne servira pas l’intérêt des petits propriétaires !

- C’est-à-dire ?
- Avec la loi Pinel, ce sont surtout des gens de l’extérieur qui achètent pour, ensuite, faire de la location ! C’est, donc, une occupation du territoire et une démolition des paysages pour de l’argent qui repart ailleurs. La Corse n’en profite même pas !

- La droite martèle que le PADDUC et les Espaces stratégiques agricoles (ESA) « ont ruiné la Corse » sans favoriser l’installation d’agriculteurs. Qu’en dites-vous ?
- C’est absolument faux ! On sait bien que des jeunes cherchent des terres agricoles pour s’installer, mais n’en trouvent pas ! Ceci dit, tout dépend du choix de société qu’on veut. Si on ne considère pas l’agriculture comme une nécessité pour nourrir la Corse, et plus généralement l’humanité toute entière, si on ne respecte pas les terres agricoles de bonne potentialité, si on les livre à l’urbanisation avec d’autant plus d’envie qu’elles sont généralement en plaine, donc faciles et bien moins coûteuses à urbaniser, cela signifie qu’on ne veut pas d’agriculteurs en Corse, qu’on ne veut pas d’autonomie alimentaire ! Nous défendons une position complètement inverse : nous avons opté pour l’autonomie alimentaire et pour la protection à long terme des terres agricoles comme un choix de société.

- La droite affirme que les ESA couvrent beaucoup de terres à faible potentialité agricole. Est-ce le cas ?
- C’est complètement faux ! Les ESA ne concernent que les bonnes terres agricoles corses, les terres à forte potentialité et à faible pente, moins de 15 %. Dire le contraire est, je le répète, un mensonge !

- La droite dénonce la cartographie qu’elle juge grossière et erronée. Vous aviez aussi relevé des erreurs. Sont-elles marginales ou pléthoriques ?
- Elles sont complètement marginales ! Il y a quelques petites erreurs. Ce n’est pas parce qu’il y a un hectare, classé ESA sur une commune, qui est, en réalité, un terrain de foot ou un cimetière, que 105 000 hectares sont concernés ! Il ne faut pas oublier que plusieurs commissions ont étudié pendant des semaines les cartes pour établir les ESA. Dire qu’elles sont inexactes, c’est vraiment tromper les électeurs !

- Le front anti-PADDUC rend celui-ci responsable de l’annulation des permis de construire et des PLU. Que répondez-vous ?
- Cela me fait bien rire ! Quand une association repère un permis de construire absolument illégal et le fait annuler, il y en a 1000 derrière qui ont été délivrés. On accorde, quand même, entre 5000 et 6000 permis de construire par an en Corse ! C’est énorme ! Deux ou trois permis annulés par an, ce n’est qu’une toute petite goutte d’eau ! Nous avons agi, rarement contre les permis de construire, mais toujours contre les PLU (Plan local d’urbanisme). L’objectif n’est pas d’agir contre un individu, mais de protéger des pans de territoire. La majorité des PLU arrêtés contreviennent complètement à la loi Littoral et au PADDUC et rendent constructibles des centaines d’hectares qui ne le sont pas ! En attendant que leur PLU soit validé, des maires continuent de délivrer des permis de construire sur des terres qui ne sont pas constructibles ! C’est fou !

- Lesquels, par exemple ?
- Nous avons pris les exemples de Purtichju-Grosseto-Prugna, Piana et Prupià. Dans ces trois communes, il y a, pas un petit hectare, mais plus de 100 hectares d’ESA qui sont rendus constructibles. A Piana et à Grosseto, il manque 121 ha d’ESA pour que le PLU soit en conformité avec le PADDUC ! A Pruprià, il en manque plus de 88 ha ! Cela signifie que la grosse majorité des ESA de ces trois communes est ôtée à l’exploitation agricole pour être vouée à l’urbanisation. C’est vraiment l’installation du béton ! Nous avons prouvé que le projet urbanistique de ces trois communes ne concerne que quelques résidences permanentes, mais beaucoup de résidences secondaires. Si le PLU prévu est validé, on atteindra à Purtichju 70% de résidences secondaires ! Cela veut dire que 7 maisons sur dix seront des résidences secondaires ! C’est la même chose à Pruprià qui prévoit une avalanche de plus de 700 résidences secondaires d’ici à 2030 ! Piana envisage pour Arone une urbanisation clairement dédiée au résidentiel secondaire. On recense déjà en Corse 100 000 résidences secondaires. On continue ?

- La droite martèle que le PADDUC fait flamber les prix des terrains et empêche les Corses de se loger ?
- C’est faux ! Prenons un exemple : La commune de Pietrusella, sur la rive Sud du Golfe d’Aiacciu, a des centaines d’hectares constructibles, le prix du m2 de foncier est l’un des plus chers de Corse. La commune de Lucciana a également beaucoup d’hectares constructibles, le prix du m2 est l’un des plus bas de Corse. Il n’y a pas de lien direct entre la quantité de terrains à construire et les prix des terrains. C’est la localisation du terrain qui compte, n’importe qui peut le comprendre ! Un terrain avec vue sur la mer ou un terrain boisé avec peu de voisinage a un prix élevé, un terrain dans une zone de forte concentration urbaine a un prix moindre. Des mensonges sont répondus pendant cette campagne électorale, c’est vraiment honteux !

- Jean-Martin Mondoloni s’engage à doubler la surface des espaces remarquables préemptés par le Conservatoire du littoral. Que pensez-vous de sa proposition ?
- C’est un argument très ancien ! Mais suivons ce raisonnement, imaginons que le Conservatoire sanctuarise 500 kilomètres de côtes et d’espaces remarquables, soit la moitié du littoral corse, il reste 500 kilomètres constructibles, c’est-à-dire la perspective d’un très grand nombre de lotissements, de villas de luxe et de béton sur nos côtes et nos espaces remarquables ! Ces propositions sont de belles paroles, mais dès qu’on les traduit en cas concrets, on se rend compte qu’elles sont profondément anti-Corse, anti-préservation de la Corse, anti-valorisation de la Corse ! Il faut vraiment que les gens le comprennent ! Le prochain Exécutif devra déférer au tribunal administratif les communes qui enfreignent gravement les lois environnementales, mais pas au cas par cas, car il n’y a pas de bons et de mauvais tricheurs.

- Cette élection présente-t-elle, de ce point de vue, un enjeu grave ?
- Extrêmement grave ! On assiste à un rassemblement de candidats dans une même optique : abattre la loi Littoral et le PADDUC ! Tout ça, pour du béton ! Il y a quelques années, Camille de Rocca Serra parlait de résidentialisation de la Corse : on y va tout droit et à grande vitesse si ces concept-là gagnent ! Le développement, grâce soi-disant au tout-tourisme et au BTP florissant, n’est pas du vrai développement, c’est même l’inverse ! Si demain, une catastrophe survient dans l’île et que les touristes n’arrivent plus, qu’est-ce que les Corses deviendront ? Défigurer la Corse, sa nature sauvage et encore assez préservée, sa grande beauté… c’est aussi tuer la poule aux œufs d’or et le tourisme avec ! C’est vraiment aller à l’encontre du développement de la Corse. L'enjeu, c’est vraiment un choix de société !

Propos recueillis par Nicole MARI.
Lettre ouverte : « Quel projet de société voulez-vous pour la Corse ? Chi Terra oghje è dumane è per quale ? »

« Les 3 et 10 décembre prochain, il sera demandé aux électeurs de Corse de faire un choix de société important pour l’avenir de notre Île.
La Corse subit, depuis de nombreuses années, une dérive vers une société mafieuse qui se nourrit, notamment, de la spéculation immobilière. Au nom des associations de l’environnement, nous vous demandons de répondre à cette lettre ouverte avant le 27 novembre afin que nul ne puisse ignorer vos propositions sur les points ci-dessous. Nous ferons paraître vos réponses dans la presse et sur le site de U Levante.
1) Pour lutter contre cette spéculation et préserver notre environnement, êtes-vous favorable au maintien, sans modifications, de la loi Littoral ?
2) Le PADDUC défend, dans ses grandes orientations, le principe de la nécessité de préserver 105 000 ha d’Espaces Stratégiques Agricoles (ESA) afin d’atteindre, à moyen terme, l’autonomie alimentaire et lutter contre l’artificialisation des terres agricoles qui nourrit, aussi, la spéculation immobilière. Êtes-vous favorable à la défense de ces objectifs et donc au principe, inscrit dans le PADDUC, qu’il ne faut pas admettre le changement de destination des ESA ?
3) Dans le cadre de la moralisation de la vie politique, êtes-vous d’accord pour que la responsabilité pénale d’un élu ou du préfet soit engagée si, sciemment et volontairement, ils ont validé un document d’urbanisme en violation de la loi ou d’un jugement définitif ?
Nous vous remercions de bien vouloir nous répondre par retour. Nous rendrons publiques vos réponses ».
 



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