Gilles Simeoni à Jacqueline Gourault : "La direction vers laquelle nous voulons aller n'a pas à faire peur à l'Etat ou à la République"
Calvi
Par
Le 02 Octobre 2018
Une courte visite sur les chapeaux de roue, puisque l’après-midi la ministre s’est rendue à Murzu où elle a visité La maison du miel, accompagnée par Dorothée Colonna-Vellutini, maire de Murzo et Pierre Torre, président de l’AOP "Mele di Corsica".
Une seconde visite, s’est déroulée à Cristinacce. Accompagnée par Josiane Chevalier,la préfète de Corse, Jacqueline Gourault a été accueillie par le maire Antoine Versini, et a participé à une table ronde à la laquelle s’est invité le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni dont la visite, malgré l’invitation de la ministre, n’était pas prévue.
Une réunion qui a débuté vers 15h30 pour s'achever à 19 heures. Autant dire que le sujet de la ruralité a été vaste et les échanges concrets, qui a été débattu face à un auditoire concentré, composé de maires et d’acteurs économiques.
La table ronde a, aussi, donné lieu à un échange politique respectueux, mais néanmoins direct et ferme entre la ministre et le président de l’exécutif de Corse.
Ce dernier a reproché au Gouvernement « le manque de mise en perspective de la relation entre l’Etat et la Corse dans sa diversité », mais aussi « du temps qui passe et qui n’est pas mis à profit de ce qui peut être fait ensemble ».
Une politique et une Corse apaisées aujourd’hui, avec une évolution que que décrira chronologiquement Gilles Simeoni depuis 1982, date à laquelle « un mouvement nationaliste a fait 14% des voix aux élections, et un autre, indépendantiste, qui ne s’est pas présenté aux élections, et qui soutenait la lutte armée. »
Gilles Simeoni a rappelé François Mitterrand qui, élu, a voté une loi d’amnistie, réouvert l’université de Corse, créé l’audiovisuel public, télévisuel et radiophonique, en Corse. « Il a doté la Corse d’un statut particulier qui a fait que dès 1982 elle n’était plus une région, elle était mais une collectivité Sui generis. »
En 1982 la dimension politique a été prise en compte, la première assemblée de Corse et son président, Prosper Alfonsi, sont élus.
1988 est le moment de la discussion du projet Joxe qui est devenu ensuite la nouvelle loi. La représentation nationale française vote et reconnait donc la notion de peuple corse. Une loi ensuite censurée par le Conseil constitutionnel.
« La censure du Conseil constitutionnel ne peut pas faire disparaître le fait politique majeur de la représentation nationale qui a voté l'existence d'un peuple ! » soulignera Gilles Simeoni.
1998, Lionel Jospin était Premier ministre, le processus de Matignon a été enclenché et des négociations visaient clairement à la reconnaissance d’une spécificité historique et à la dévolution d'un pouvoir législatif. « Et pourtant nous étions au lendemain de drames terribles et dans un climat de violence débridé, comme plus tard en 2003. » précisera-t-il.
« Un vrai dialogue pour construire des formes qui respecteront les règles et les principes fondamentaux de la République. »
Gilles Simeoni terminera son explication sur la situation actuelle d’une Corse apaisée mais où il réside encore des problèmes, et une question Corse qui ne se retrouve nulle part ailleurs, identique.
« Aujourd'hui madame, nous sommes en 2018, les nationalistes, la majorité territoriale l'on emportée avec 56 % des voix, il n'y a plus de violence clandestine, il y a la volonté de construire ensemble, une volonté partagée par la quasi-totalité des Corses, il y a la possibilité de sortir définitivement d'un cycle qui a duré pour la période contemporaine un demi-siècle ».
Une possibilité qui existe, mais qui nécessite d’engager un dialogue avec une véritable portée, et un vrai sens. Pour le président de l’Exécutif de Corse, le Gouvernement doit nommer les choses, reconnaître qu'il y a dans cette île une aspiration historique, qui doit être prise en compte « selon des formes qui respecteront, les règles et les principes fondamentaux de la République, et nous n'attendons pas autre chose du Gouvernement. »
Au cours de son intervention, Gilles Simeoni a demandé à la ministre d’ouvrir le dialogue, et de situer les choses sur un plan clairement politique, avec une dimension historique, et politique. « A partir de là nous acterons un certain nombre de choses y compris dans les domaines techniques, le domaine fiscal par exemple, des moyens pour le bilinguisme, le développement économique, les transports. Sur tout cela, vous avez vu que nous sommes prêts et que nous avons la volonté d'avancer. »
« La direction vers laquelle nous voulons aller n'a pas à faire peur à l'Etat ou à la République, et moi je vous dis que si on continue comme nous le faisons maintenant, nous allons échouer! Cet échec sera le vôtre, ça sera le nôtre et ça risque d'être celui de la Corse, et nous ne voulons pas d'échec. Nous, nous voulons la réussite! »
L’inscription de la Corse dans la constitution : unique réponse de Jacqueline Gourault
Jacqueline Gourault « Monsieur le président, qu'est-ce que c'est que l'inscription de la Corse dans la Constitution, ce n’est rien? Dites-moi si ce n’est rien, il faut me le dire devant les écrans de télé. Je sais que la rédaction de ce qui est écrit dans le projet de réforme constitutionnelle ne vous satisfait pas pleinement, je le sais, mais nous mettons la Corse dans la Constitution, c'est une vieille revendication qui a été demandée par beaucoup de forces politique par le passé, puisque vous m'avez vous-même donné toutes les délibérations successives, y compris des anciennes majorités. »
Prenant tous les Corses de la salle à témoin, la ministre assure que pour que la réforme de la Constitution ait une chance de passer, il faut que la Corse soit inscrite dans la constitution, rappelant à Gille Simeoni qu’il sait exactement, autant qu’elle, « ce qu'on peut faire et ce qu'on ne peut pas faire, et le Gouvernement le sait et vous le savez. »
Elle s’est dite consciente des efforts des Corses au fil des années de leur histoire politique, mais que le geste politique de l'inscription de la Corse dans la Constitution comme le président de la République s'y est engagé, est la bonne réponse et qu’il ne faut pas la bloquer.
« Paris ne s’est pas fait en un jour, la Corse ne se fera pas en un jour »
Parallèlement d’autres sujets non moins importants sont à traiter pour Mme Gourault : « les réformes que vous demandez sur le plan Agricole, sur le plan fiscal, sur le plan touristique, le traitement des déchets, l'énergie... on ne peut pas dire, il y a un moment où je me dis il faut avancer vous comprenez ça? »
Un geste politique ?
Oui le gouvernement en fait, dira-t-elle, ne comprenant pas bien pourquoi, avec le gouvernement la discussion est toujours à bâtons rompus, pourquoi rien n’avance davantage sur les choses concrètes, mais promettant des propositions très sérieuses.
« Je parle très librement et très sincèrement et je pense que des gestes se sont faits, des paroles ont été dites, st qu'elles seront respectées. Paris ne s’est pas fait en un jour, la Corse ne se fera pas en un jour et j'entends l'impatience de la population corse, j'entends les risques que vous avez cité, c'est la raison pour laquelle il faut avancer » conclura-t-elle.
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