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Nanette Maupertuis : « Arrêtons de croire que ce sont des flux massifs qui font la saison touristique ! »
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Nanette Maupertuis : « Arrêtons de croire que ce sont des flux massifs qui font la saison touristique ! »


Calvi

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Le 29 Juillet 2019


- Les professionnels se plaignent d’une saison catastrophique. Qu’en est-il exactement ?
- Il est normal que les professionnels du tourisme soient inquiets de cette avant-saison qui n’est pas satisfaisante, sans que ce soit pour autant la catastrophe. Je constate, aussi, que d’autres acteurs se plaignent d’un trop tourisme et de sur-fréquentation. La vérité est certainement entre les deux. La saison sera dans la moyenne avec une avant-saison mauvaise. Pour l’instant, en termes d’arrivées de visiteurs sur le territoire, l’île affiche - 1,1% de janvier à juin. C’est un chiffre attesté. Nous attendons les remontées de juillet. Les comptes définitifs se font en tourisme, comme ailleurs, après le cycle de production ou de récolte…
 
- Pourquoi le mois de mai a-t-il été aussi mauvais ?
- Le mois de mai a été mauvais pour plusieurs raisons : pas de ponts, les effets de la crise en France liée aux gilets jaunes, le mauvais temps, la reprise du tourisme sur la rive Sud de la Méditerranée. En fait, les séjours courts, habituels à cette période, n’ont pas eu lieu. Sur le plan conjoncturel, ce n’est pas bon, certes ! Mais cela arrive dans d’autres secteurs d’activités. Lorsqu’on exerce une activité économique, il y a des hauts et il y a des bas. Une saison se juge sur 6 mois. Mai 2018 a été un mois d’exception où on a frôlé les +18% ! Mais je rappelle la tendance : mai 2016 : 659 000 visiteurs ; mai 2017 : 666 527, mai 2018 : 789 147 et mai 2019 : 673 332. Mai 2019 est, donc, dans la moyenne des quatre dernières années en termes de visiteurs. Les chiffres du mois de juin varient selon les territoires et selon les filières, il a augmenté en moyenne de + 6,4 % sur l’ensemble de la Corse. Mais quels que soient les chiffres que nous avancerons, le ressenti global est mauvais.
 
- Pourquoi ?
- Je pense sincèrement qu’au-delà de la conjoncture, entrent en jeu des éléments structurels que j’ai déjà évoqués dans le diagnostic de la destination Corse qui a été réalisé préalablement à la rédaction de la feuille de route du tourisme voté en 2018. Les professionnels commencent à intégrer cette nouvelle donne. Il y a une forme de vulnérabilité accrue de la destination liée à de profonds changements structurels.

- Quels changements ?
- D’abord, la demande est de plus en plus volatile. Les comportements ont profondément changé. Les gens choisissent au dernier moment sur leur smart phone leur point de chute en fonction de la météo et des offres aériennes ou maritimes de dernière minute. Ensuite, l’offre en Corse s’est fortement développée tant en hébergements qu’en restauration. Il y a énormément d’établissements. Lorsque la demande croît, tout le monde travaille. Lorsque la demande, pour des raisons conjoncturelles ou structurelles, baisse… certains rencontrent des difficultés. Les meilleurs s’en sortent toujours. Enfin, le contexte en Méditerranée est très concurrentiel et va le devenir encore plus avec la paix retrouvée dans certaines régions. Cela aussi, nous l’avions dit. L’île doit atteindre un haut niveau de compétitivité, basée sur la qualité, et surtout pas sur la baisse des prix.
 
- Certains établissements ont fait de gros efforts d’investissement. Pourquoi le compte n’y est-il pas forcément ?
- Le compte y sera à terme ! Nous accompagnons les établissements dans leur transformation, notamment avec le dispositif d’avances remboursables mis en place par l’ATC avec la CADEC (Caisse de développement de la Corse). Nous devons être vigilants concernant l’hypertrophie de l’économie informelle qui pèse trop lourdement en Corse. Au mois d’août, les 2/3 des lits relèvent de l’informel ! Même si une bonne partie est liée au tourisme affinitaire…, la plupart du temps, il s’agit de concurrence déloyale.
 
- Les acteurs taclent aussi le problème des transports. Quel est son poids réel ?
- Nous travaillons avec l’Office des Transports de la Corse (OTC) et les Chambre de commerce et d’industrie (CCI) à une analyse précise de la situation, notamment sur les coûts. L’ATC sera au centre de ces échanges car nous sommes inquiets du prix de certains billets, justement en amorce de saison. Il ne faut pas sous-estimer non plus l’impact qu’a eu sur le remplissage des avions l’existence d’un taux de résidences secondaires qui est de loin le plus élevé de France : 37% selon l’INSEE. L’effet de ce tourisme résidentiel doit être analysé. Toutefois, les transports sont une condition nécessaire du tourisme, mais pas une condition suffisante. Au bout des lignes, il faut une offre touristique de qualité, continue pendant plusieurs mois… Nous l’avons vu cette année encore. Ne compter que sur les plages, ça ne marche plus ! Il suffit d’un évènement climatique soudain pour que la pratique du balnéaire soit stoppée net, comme c’est le cas aujourd’hui dans le Cap Corse à cause de la présence de lits d’algues sur le sable.

- Avez-vous des craintes ?
- Oui ! Il faut éviter que les acteurs ne retombent dans des visions de court-terme. La saison ne s’arrête pas en juillet ! Elle va désormais jusqu’en novembre en certains endroits. Evitons aussi de brader la destination ! La guerre des prix ne mène à rien. Comme toutes les guerres, elle est destructrice. A contrario, relever les prix sans fondement de qualité ou de service rendu, n’est pas plus une solution. Les Corses, aussi, sont consommateurs de services touristiques en Corse ! Que l’on laisse définitivement de côté la croyance selon laquelle ce sont des flux massifs qui font la saison ! Toutes les destinations essaient de sortir du tourisme de masse. Nous devons absolument maintenir le cap d’un tourisme durable sur le plan écologique et soutenable sur le plan social.
 
- Les solutions sont-elles dans les propositions de votre feuille de route ?
- Oui ! Il est urgent que les acteurs s’emparent de la feuille de route du tourisme que nous déroulons depuis 3 ans. Il faut maintenir cet objectif de changement structurel tout en faisant face aux aléas comme les évènements climatiques soudains ou les retournements de conjoncture économique. Sur le plan stratégique, le travail avec l’OTC, l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse) et les CCI dans le cadre d’un comité stratégique de suivi du tourisme a permis de réagir rapidement sur le plan de la promotion lors du trou d’air du mois de mai, par une campagne de communication exceptionnelle. Sur le plan environnemental, nous soutenons tous les professionnels qui souhaitent transformer leurs structures dans le sens du développement durable. Avec l’Office de l’environnement de la Corse, nous travaillons sur cette question de la transition écologique, mais aussi sur la fréquentation des sites.
 
- Et sur le plan des contenus ? Puisque la mer et le soleil ne suffisent plus…
- Sur le plan des  contenus, nous travaillons avec les intercommunalités et les communes, la Banque des Territoires, Atout France, le Comité de massif, le Conseil des sites et les directions de la Culture et du patrimoine. Plusieurs actions sont en cours, notamment la valorisation d’éléments du patrimoine du Château de la Punta, de la caserne Montlaur à Bunifaziu, du Couvent Saint François à Bastia, de la Citadella di Corti, du Fortin de Girulata … Dimanche matin, nous inaugurons à Verghju la GT 20, la Grande traversée de la Corse à vélo en 13 étapes. Nous avançons, mais nous ne pouvons pas en 3 ans modifier la trajectoire du tourisme corse qui s’est construite sur des non-choix durant 40 ans. Nous restons convaincus qu’il faut opérer ce changement et je sais que de nombreux acteurs du tourisme sont prêts à s’y engager.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.



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