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Rencontre à Matignon : Les députés nationalistes et le Premier ministre ouvrent le dialogue sur la Corse
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Rencontre à Matignon : Les députés nationalistes et le Premier ministre ouvrent le dialogue sur la Corse


Calvi

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Le 25 Août 2017


- Comment avez-vous obtenu cet entretien ?
- J’avais croisé le Premier ministre à la réception de fin de session de l’Assemblée nationale, donnée par le président De Rugy dans les jardins de l’hôtel de Lassay. Le hasard nous a fourni un tête à tête de trois ou quatre minutes. J’en ai profité pour lui expliquer qu’on ne pouvait pas rester en l’état, sans aborder le fond de ce qu’il se passe en Corse aujourd’hui d’un point de vue démocratique. Il avait admis qu’il fallait qu’on se parle. Il m’a dit qu’il ne connaissait pas du tout la Corse et qu’il ne voulait pas faire de visite intempestive ou commettre des maladresses, mais qu’il fallait, d’abord, se saisir du dossier avant d’avancer. Il a pensé que la fin août, avant la rentrée parlementaire, était le bon temps pour cette prise de contact. Tous les parlementaires corses ont, donc, été conviés à une réunion, mais pas en même temps.

- C’est-à-dire ?
- Les trois députés nationalistes, Michel Castellani, Paul-André Colombani et moi-même, nous l’avons rencontré ce jeudi 24 août, à 11 heures, pour une première prise de contact. Le sujet était : « Réflexions globales sur la Corse ». Il a, apparemment, fait de même, sans que nous sachions en quels termes, ni quand, avec Jean-Jacques Ferrara et avec les sénateurs. Autrement dit, c’est une rencontre des parlementaires corses, de manière séparée.

- Quels points avez-vous abordés ?
- Nous avons eu droit à une heure de discussion pendant laquelle nous avons insisté lourdement sur plusieurs points. Le premier est le changement profond et démocratique qui se passe en Corse avec le choix clair et net des Corses en faveur de nos idées et de notre projet supporté par la majorité territoriale. Notamment, l’accès par la Corse et le peuple corse à une plus grande maîtrise de sa destinée avec l’obtention d’un pouvoir législatif et règlementaire qui conduira à une autonomie fiscale afin de créer les conditions du développement économique. Le second est la question du rapprochement des prisonniers et de l’amnistie pour permettre l’apaisement. Nous sommes allés assez loin dans nos demandes.

- Avez-vous évoqué les propos tenus par le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner à Porticcio où il a présenté la position du gouvernement pour les élections territoriales ?
- Oui ! Nous lui avons dit que Mr Castaner a été très maladroit. Nous avons insisté sur le fait que, contrairement à ce qui avait été dit ici ou là, le vote en notre faveur n’était pas un vote contestataire, mais un vote majoritaire et réitéré - décembre 2015 et juin 2017 -, qui venait de très loin, et qu’à cet égard, nous ne craignons pas, non plus, l’élection de décembre 2017. Nous avons parlé des cinquante ans de combat politique que nous avons mené, et du problème politique, économique, social et culturel qui se pose en Corse et qu’il faut régler. Nous avons évoqué les rendez-vous manqués, notamment les avancées en 1991 et en 2002 avec des statuts qui se sont arrêtés au milieu du gué parce que le temps n’était pas encore mûr, ni côté Paris, ni côté corse. Aujourd’hui, le temps est mûr côté corse, il peut l’être aussi côté Paris si la vision girondine affichée se confirme au bon niveau. Il faut trouver un point d’équilibre.

- Quel est-il pour vous ?
- C’est un statut fiscal pour la Corse, la dévolution d’un pouvoir législatif et règlementaire, le rapprochement des prisonniers comme un premier signe tangible puisque ce n’est que l’application de la loi, une discussion sur l’amnistie, la question de la langue et du foncier... A cela, bien entendu, s’ajoute la nécessité d’avoir une vision méditerranéenne de la Corse et peut-être à travers elle, d’ailleurs, donner à la France une meilleure vision méditerranéenne.

- Comment le Premier ministre a-t-il réagi ?
- Il a été courtois. Il a plus écouté qu’il n’a parlé. Il a admis qu’on ne pouvait pas attendre les élections de décembre pour commencer à discuter et à travailler sur la question corse, comme l’avaient dit les ministres qui sont venus dans l’île, mais qu’il fallait s’y atteler dès la rentrée. C’est un acquis méthodologique. Les élus d’aujourd’hui ne sont pas moins légitimes que ceux de demain ! Ensuite, il a entendu nos demandes sur le rapprochement des prisonniers, notamment sur les cas sensibles que nous avons évoqués. Nous attendons de voir comment cela se traduira concrètement. Sur le fond, il nous a posé beaucoup de questions sur le thème : « Ne croyez-vous qu’il faut jouer à fond sur le statut actuel ? ». Il nous a dit qu’il était favorable aux spécificités et à l’adaptation des politiques. Il ne s’est pas hasardé à aller au niveau du transfert d’un pouvoir législatif et règlementaire.

- Que retirez-vous globalement de ce premier entretien ?
- C’est une prise de contact, mais qui est loin d’être au niveau de la réception du message qu’ont envoyé les Corses à travers nous en nous élisant de manière confortable, réitérée et majoritaire. Nous l’avons dit au Premier ministre, comme nous lui avons fait remarquer que les autres forces politiques dans l’île, y compris En Marche et la droite, sont pour l’inscription de la Corse dans la Constitution, pour une loi organique et pour l’autonomie… et que, donc, la volonté démocratique allant dans ce sens était très large en Corse. Le Premier ministre n’a pas dit qu’il était contre, il nous a dit qu’il était plutôt pour, qu’il était très respectueux de la loi et de l’Etat de droit. Nous lui avons répondu que nous aussi, que c’est au nom de la rigueur, de la transparence et de l’éthique que nous avions remis en ordre la maison budgétaire de la CTC (Collectivité territoriale de Corse). Mais, nous lui avons dit aussi que la loi, lorsqu’elle ne correspond pas à l’aspiration d’une communauté avec un problème politique posé depuis des décennies, doit évoluer.

- Christophe Castaner dit qu’il n’existe pas d’autonomie constitutionnelle, juste une autonomie règlementaire. Quand pensez-vous ?
- C’est un faux problème ! Les Corses connaissent très bien l’article 74 de la Constitution qui donne un pouvoir législatif et règlementaire aux territoires ultramarins. Ce pouvoir est bien reconnu dans la Constitution ! Quand on lit, dans l’accord de Nouméa du 5 mai 1998, que la France doit prendre en compte les liens spécifiques du peuple kanak à sa terre, à ses valeurs, à ses collines, à sa montagne, à sa culture… on enlève le mot « kanak » et on le remplace par le mot « corse », c’est identique ! Et ce n’est pas un millier de kilomètres qui change la donne ! Nous l’avons dit, explicitement, en ces termes, au Premier ministre. Je lui ai dit que lorsque nous l’entendons parler de l’Outremer et de la nouvelle Calédonie, nous nous retrouvons dans le cadre général qu’il définit et dans sa façon d’appréhender les problèmes. J’ai insisté, à la fin, sur la psychologie des choses. Je lui ai dit qu’il fallait lever cette crainte psychologique qui fait qu’on ne peut pas parler d’autonomie concernant la Corse !

- Avez-vous convenu d’un calendrier ou d’un nouveau rendez-vous ?
- Non ! Il nous a dit qu’il ne communiquerait pas personnellement, mais que des initiatives seraient prises pour que le dialogue et le travail s’opèrent. Sans nous préciser sous quelle forme. Néanmoins, nous rentrons dans le vif du sujet. Ce qui nous importe, c’est que le message démocratique des Corses, qui veulent maîtriser leur avenir et leur émancipation, soit entendu pour le bien-être de notre communauté. Nous souhaitons un cadre global de discussions sur tous les sujets avec toutes les forces politiques de la Corse, l’Exécutif, l’Assemblée de Corse… et qu’il n’y ait pas de sujet tabou ! Cela semble être entendu. Nous voulons qu’à un moment donné dans le processus, nous puissions atteindre le bon niveau d’appréhension des problèmes, nécessaire pour pouvoir sortir d’un cycle et entrer dans des eaux claires pour la Corse.

Propos recueillis par Nicole MARI.

Voici le communiqué des trois députés, Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani :

« M. Edouard Philippe, Premier Ministre, a exprimé le souhait de rencontrer les parlementaires de la Corse, soit les quatre députés et les deux sénateurs. En notre qualité de députés « Per a Corsica », conformément aux engagements pris devant les Corses, nous avons bien sûr accepté le principe de cette rencontre. Celle-ci a duré environ une heure. Nous avons, pour notre part, réaffirmé que l’Etat et le Gouvernement doivent sans délai prendre en compte la nouvelle donne politique corse, et s’engager dans la définition et la mise en oeuvre d’une solution politique à la hauteur des enjeux historiques qui caractérisent la situation actuelle. Celle-ci se manifeste par un changement politique profond, qui s’est traduit dans les urnes par plusieurs signes forts : victoire de Bastia lors des municipales de 2014, accession historique des Nationalistes aux responsabilités à la Collectivité Territoriale de Corse en décembre 2015, élection de trois députés nationalistes, avec un score largement majoritaire, lors des élections législatives de Juin 2017.

Nous avons aussi rappelé que cette nouvelle donne est également la conséquence du choix fait par le FLNC, en juin 2014, de mettre un terme définitif à la violence clandestine.
Les conditions ont donc été créées pour mettre un terme à la logique de conflit, enraciner le présent et l’avenir de l’île dans la paix, et construire une société corse démocratique et émancipée aux plans politique, économique, social, et culturel. C’est ce chemin que veulent aujourd’hui prendre les Corses dans leur très grande majorité et c’est à cette perspective que la majorité territoriale consacre son action. Il appartient désormais au Gouvernement et à l’Etat de dire clairement s’ils souhaitent contribuer à cette dynamique, ou s’ils choisissent au contraire de fermer la porte au dialogue et à l’espoir.

C’est ce que nous avons dit au Premier Ministre, en rappelant également ce que sont pour nous les éléments constitutifs d’une solution globale à la question corse: la dévolution d'un pouvoir législatif et règlementaire au travers d'un statut garanti pour la Corse dans la Constitution, un transfert de ressources fiscales, le règlement des questions linguistiques et foncières, la consolidation de la paix par des mesures de rapprochement des prisonniers, prélude à l'amnistie. Nous avons argumenté de manière précise pour que des signes d'apaisement soient donnés rapidement, notamment au travers du rapprochement des prisonniers, sans exception ni restriction. Enfin, nous avons demandé à ce qu'un dialogue sur l'ensemble de ces points débute dès le mois de septembre.

Ce dialogue doit être mené avec les institutions de la Corse, et avec l’ensemble des forces vives, selon des modalités qui doivent être discutées et convenues entre les parties.
Plus que jamais, une nouvelle page de l’histoire de notre île est donc à écrire, et nous appelons tous les corses à y prendre part, notre jeunesse en particulier.
Le Premier Ministre s’est montré attentif à nos propos durant cet entretien, où l'esprit de dialogue a prévalu. Un point semble acquis et nous en prenons acte : celui de la volonté du Premier Ministre de mener, sans attendre les prochaines échéances, une démarche globale pour la Corse. Nous souhaitons qu’elle s’organise autour des principes ci-dessus énoncés.

Conformément à nos engagements, nous continuerons pour notre part, avec l’ensemble de la majorité territoriale et toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans ses choix, à inscrire résolument notre action au service de la Corse, de son peuple, et de l’intérêt général.
A passi sicuri, cuntinuemu di travaglià per chi u populu corsu, appii, infine, i mezi istituziunali, ecunomichi, suciali è culturali di a so emancipazione.»

 



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